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Taïjiquan
: MAITRE
CHU KING HUNG
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Carnet de notes.
Lundi 31 juillet après-midi : |
Beaucoup
de monde pour ces "retrouvailles" annuelles : plus
de cent personnes pour un stage de Tai Chi Chuan qui se
déroule au pied du Mont Blanc. C'est la personnalité de
Maître Chu King Hung qui nous fait revenir depuis neuf ans,
chaque été, dans le "paradis des alpinistes";
nous n'avons en général pas tellement le temps de profiter
des sommets et des glaciers qui nous entourent. Plaisir,
malgré tout, de retrouver des pratiquants et des
enseignants de toute la France et des pays voisins dans un
tel endroit.
Au programme : Tui shou, Da Lu, pratique libre et
dirigée d'applications martiales, épée, et bien sûr
travail de la forme (centré sur la révision des spirales
dans les mouvements des bras et des jambes). Tout le monde
semble y trouver son compte, des presque débutants
jusqu'aux pratiquants chevronnés. En fait, tous viennent chercher
plus que des techniques. Me Chu enseigne à partir d'un fond
de principes techniques très précis et cohérent, qu'il
faut une bonne dizaine d'années pour intégrer. Mais ici,
à chaque fois, on vient surtout pour la joie devoir
du mouvement juste, de l'énergie en mouvement... |
Me Chu :
"c'est important pour les gens de sentir combien le Tai
Chi Chuan peut leur être profitable ; combien c'est
précieux pour la santé, pour le bien-être, pour se sentir
joyeux. Ca n'est pas très important de dire : je suis un
Maître renommé, j'ai beaucoup de pouvoir, je connais les
secrets, etc. Ca n'apporte pas grand chose aux gens, à leur
pratique personnelle. Il faut qu'ils puissent sentir par
eux-mêmes, dans des exemples précis quand l'énergie est
bloquée ou pas. Quand on n'utilise pas les muscles dans une
action, alors le souffle est libre, l'énergie est libre. Ca
n'est pas le mouvement par lui-même qui fait du bien, c'est
parce que ce mouvement permet de faire circuler l'énergie
interne. Vous pouvez voir ici, à Chamonix, combien les gens
sont contents de sentir cela. De découvrir par leur propre
expérience, dans des points précis, pourquoi on fait ce
mouvement exactement de cette manière, comment c'est en
rapport avec le souffle."
Mardi matin,
Le soleil n'est pas encore passé derrière les montagnes et
la pelouse du centre sportif est encore humide. La nuit, la
fraîcheur des glaciers envahit la vallée : un banc de
brume recouvre encore le torrent qui traverse la ville. |
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Plaisir
de profiter du calme du matin pour pratiquer. Chikong,
exercices taoistes, pratique de la forme, corrections,
forme, corrections et expérience : Me Chu explique
longuement l'influence directe d'un placement de main
particulier sur le souffle et l'action, puis joint le geste
à la parole et viens "tester" ce point de détail
avec chacun. Cela donne à peu près l'impression de
repousser une des montagnes environnantes ! la
"montagne" ne mesure qu'un mètre soixante mais
développe avec le sourire une puissance d'action
renversante ; beaucoup parmi nous ont une bonne expérience
d'arts martiaux "externes". Nous avons aussi
l'habitude des projections explosives de Me Chu, mais
l'expérience de son contact reste toujours surprenante.
Me Chu : "La pratique du Tai Chi Chuan permet de
développer une grande énergie, mais cette énergie n'est
pas au service de la violence. C'est vraiment quelque chose
pour la santé. L'utilisation de l'énergie interne dans les
applications martiales permet de comprendre l'énergie dans
les mouvements de la forme. Il faut que les mouvements
fonctionnent, soient applicables. C'est nécessaire parce
que c'est un art martial, parce que de cette manière chacun
peut sentir l'énergie libre, en circulation et en
action." |
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Didier Le Boucher - article paru dans ARTS & COMBATS - Octobre
1996
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